Les points dans les consonnes.
Il y a 4 cas où l'on place un point dans une consonne.
Le dernier cas est à part, car le vav et son point forment une voyelle, le shourouk.
Les 3 premiers constituent des signes différents. C'est pourquoi je
n'aime pas trop parler de dagesh "en général", mais distinguer d'emblée 3
signes, le "dagesh léger", le "dagesh fort", et le "mappiq".
Nommer ces 3 signes des dagesh est abus de langage, bien
pratique, il est vrai.
Le dagesh léger
6 consonnes en hébreu sont supposées avoir deux prononciations en fonction du
contexte où elles apparaissent. Il s'agit de
בגדכפת groupées sous le nom
Begadkefat. En pratique, en hébreu standard, seuls le ב,
le כ, et le
פ ont les 2 prononciations.
Pour traduire ces 2 prononciations, on utilise un point nommé dagesh léger (דָּגֵשׁ
קַל). Quand il est présent, la consonne se prononce en arrêtant l'air.
Quand le dagesh, la consonne se prononce en laissant passer l'air.
Prononciation |
Avec |
Sans |
Remarque |
Lèvres |
בּ=b |
ב=v |
|
Glotte |
גּ=g |
ג=r non roulé au
fond de la gorge. |
Seules certaines communautés
sépharades font cette distinction |
Dents |
דּ=d |
ד=d |
Certaines communautés
prononcent un dh aspiré. |
Palais |
כּ=k |
כ=kh |
Prononcé dans le palais |
Lèvre |
פּ=p |
פ=f |
|
Dents |
תּ=t |
ת= th anglais |
Les sépharades ne font pas
cette distinction.
Les irakiens et les yéménites la font.
Le th anglais semble être la prononciation originelle. |
Exemple de nuance apportée par le dagesh léger :
 | Croissez et multipliez :
פְּרוּ וּרְבוּ
le pe porte un dagesh léger. Prononcer Pé-rou our-vou. |
 | Multipliez et croissez :
רְבוּ וּפְרוּ
le pe ne porte pas de dagesh léger. Prononcer Ou-frou. |
Notez que le פ dans les 2 exemples représente la même
lettre du même mot. Le changement de prononciation est un accident, mais les
lettres que l'on nomme fé et pé n'en sont qu'une.
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Le dagesh fort
Le dagesh fort (דָּגֵשׁ חָזָק)
sert à marquer le redoublement d'une consonne.
Une consonne marquée d'un dagesh fort peut se lire comme deux consonnes
identiques séparées par un sheva immobile (non prononcé). La première consonne
se rattache à la syllabe précédente, et la deuxième à la syllabe qui suit.
Exemple :
הַשֵּׁנִית
Se prononce comme si il y avait 2 shin (séparés par un sheva immobile) :
הַשְׁ-שֵׁנִית
ash-shenit
Toutes les lettres peuvent porter un dagesh fort sauf les gutturales
אהחע et le ר.
Le mappiq
Le mappiq (qui n'est pas un dagesh) désigne le fait pour une des trois lettres
ה י ו en fin de mot de représenter une consonne et non une voyelle. Quand
le statut de mappiq porte sur le ה, il est difficile à
identifier pour le lecteur. C'est pourquoi on le note par un point. Un point
dans un ה en fin de mot signifie donc que ce
ה se prononce comme une consonne, et ne vient pas
indiquer la voyelle qui précède.
Par abus de langage, ce point est appelé un mappiq. C'est même
l'utilisation la plus courante du terme mappiq.
Le mappiq n'est pas un dagesh. Même si pour des raisons pratiques et
pédagogiques bien évidente sa description figure généralement dans le
chapitre consacré au "dagesh". Il n'y a pas à proprement parler de
dagesh. Il y a 3 signes distincts : le mappiq, le dagesh fort, le dagesh
faible. |
En ce qui concerne le י et le ו
en fin de mot, le contexte permet de distinguer le statut de voyelle ou de
consonne. Si le י en fin de mot
est précédé d'un hiriq ou d'un tséré, il est constitutif de la
voyelle long hiriq male ou tseré malé. Sinon il est mappiq.
Exemple, à la fin de Jonas IV, 8 :
מוֹתִי מֵחַיָּי. Le י à la fin de
מותי est le prolongement du hiriq du
ת. Celui à la fin de מחיי
est forcémment une consonne, il a le statut de mappiq.
Un ו en fin de mot est mappiq s'il est précédé
d'une voyelle (qamatz, pata'h, hiriq). Sinon il est un holam malé ou un
shourouq, et il est une voyelle.
Dans Jonas I, 5 : אֶל־אֱלֹהָיו
וַיָּטִלוּ. Le ו de אלהיו,
pronom possessif pluriel est une consonne, il a le statut de mappiq. Celui
de ויטלו porte la marque d'une voyelle. |
L'utilisation la plus courante du mappiq est la marque du pronom possessif,
3ème personne du singulier, féminin ־ָהּ
.
Exemple :
 | סוּסָה=la jument, féminin
de סוּס se prononce soussa. Le ה
vient noter dans le texte consonnantique, la présence
du féminin. |
 | סוּסָהּ=son cheval
(possesseur féminin), se prononce soussah avec un h aspiré en fin de mot. |
Certains verbes ont leur troisième lettre radical qui est un
ה. Si ce ה ne comporte pas de
mappiq, il est l'objet de nombreuses irrégularités et disparaît de diverses
formes. עשה devient עשוי au
participe passé ou עשיתי au passé. Quand le
ה comporte un mappiq, il est plus stable.
Exemple de racines verbales contenant un mappiq :
גבהּ כמהּ מהמהּ נגהּ תמהּ
Pourquoi le mappiq n'est-il marqué qu'en fin de mot ?
Parce qu'en milieu de mot, il n'y a pas d'ambiguïté. Si le
ה est consonne, il est accompagné d'une voyelle, d'un sheva, ou
d'un hataf.
Mon opinion, est qu'il eut été plus simple de convenir que
quand le ה est consonne en fin de mot on le dote
d'un sheva immobile.
Son cheval =
סוּסָהְ
Les massorètes en ont décidé autrement.
D'autre part, dans certains manuscrits, on trouve quelques mappiq en
milieu de mot. Les Bibles imprimées ne retiennent pas cette pratique. |
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