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L'alphabet consonantique.Dans l'antiquité, l'hébreu ne se notait qu'avec des consonnes. Comme pour d'autres langues sémitiques, anciennes ou actuelles, la structure de la langue rendait peu gênant le manque de voyelles. En tout cas, moins gênant que pour une langue comme le français. Avant le premier exil, un premier alphabet était utilisé qui a été remplacé vers le 3ème siècle avant notre ère par l'alphabet que nous connaissons aujourd'hui. Ainsi, le début de la Bible pouvait-il, à partir de cette époque, être noté comme ceci, sans voyelles, sans ponctuation, ni autres signes : בראשית ברא אלהים את השמים ואת הארץ La présentation réelle ne ressemblait pas à celle-ci. J'ai notamment introduit des sauts de lignes pour marquer les phrases et une fonte de caractère élégante mais récente. Les mères de lectureLe manque de voyelles introduisait quand même des ambiguïtés dans la lecture du texte. Ainsi le mot מדבר peut-il être interprété comme מִדְבָּר (=désert) ou מְדַבֵּר (=il parle). En fait, dès l'époque biblique, certaines lettres, a priori consonnes à la base, représentent en fait des voyelles. Il s'agit de א ה ו י . Dans le texte ci dessus, j'ai marqué en rouge le cas où les lettres אהוי ne servent pas de consonne, en vert les cas où elles servent de consonne (certains cas de א sont ambigus mais cette page n'est pas là pour les explications détaillées) : בראשית
ברא אלהים
את השמים
ואת
הארץ Lorsqu'une consonne est lue comme voyelle, on l'appelle mère de lecture (ou plus fréquemment mater lectionis en latin, אם הקריאה). Les règles d'utilisation des mères de lecture n'étaient pas toujours très cohérentes. Ce qui n'ira pas sans poser de problèmes par la suite. Cette usage semble s'être généralisé avec le temps. Les manuscrits de la mer morte en font un usage très intensif, supérieur même à celui de l'hébreu utilisé plus tard. La Mishna (première partie du Talmud, rédigée en hébreu à partir du 2ème siècle de l'ère actuelle) en utilise également beaucoup. Les massorètesQuand l'hébreu a progressivement cessé d'être une langue parlée, la prononciation correcte du texte biblique s'est transmise de maître à élève. En fait, il s'agissait plus que de la simple prononciation du texte, puisque même le découpage du texte en unité syntaxique, équivalent de notre moderne ponctuation était transmise pour une compréhension non ambiguë du texte. Comme pour beaucoup d'autres enseignements oraux, les sages ont fini par s'apercevoir que la transmission de maître à élève finirait par s'éroder, ils ont décidé de noter cet enseignement oral par écrit. Ils ont donc doté le texte de signes aidant à lire le texte correctement : Les sages qui ont réalisé ce travail minutieux d'annotation de toute la Bible hébraïque (et pas seulement le pentateuque) sont appelés les massorètes. A vrai dire, les massorètes n'ont pas fait que ça. Ils ont réalisé tout un système de statistiques et d'annotations permettant d'assurer une copie fidèle du texte biblique, jusque dans la forme des lettres et la pagination du texte. Mais cela sort du cadre de ce site. Ceux des massorètes qui ont précisément annoté la Bible avec des signes que nous connaissons sont appelés en hébreu les nakdanim נקדנים, et dans les textes francophones, il sont nommés en latin, les punctatores. Dans les deux cas, cela signifie : "ceux qui mettent des points". Le dikdoukLes sages qui ont élaboré le système de notation ont du adopter une certaine logique pour traduire en signes des informations qu'ils ont reçues oralement de leurs ancêtres, tout en respectant le texte consonantique reçu. Dans la foulée, ils ont rédigé des livres pour expliquer les principes de ces notations, et expliquer comment lire ces signes. Un des premiers livres qui s'appelait "Sefer dikdoukei hata'amim" (ספר דקדוקי הטעמים) que l'on pourrait traduire par "le livre de l'utilisation précise des accents" a contribué à donner à cette science le nom de dikdouk (adjectif signifiant "précis"). La racine du mot dikdouk peut évoquer soit la précision ou la rigueur, soit un découpage très fin. Certains diraient "du coupage de cheveux en quatre". Ce sont les principes de base de cette discipline que ce site présente. |