|
Les mères de lectureCertaines consonnes : א ה ו י peuvent être utilisées avec une valeur de voyelles. On les appelles des mères de lecture, ou plus souvent par le terme latin "mater lectionis". En hébreu, on les appelle אם הקריאה Exemples :
Ces exemples ne sont pas limitatifs (un א peut servir de I ou de O). Certains mots n'ont pas toujours une orthographe stable (avec ou sans mère de lecture). La présence d'une mère de lecture a trois impacts en dikdouk :
Nuances et ressemblancesCertaines lettres se ressemblent. Regardons les nuances. א et ע L'hébreu moderne et les ashkénazes ne prononcent ni le aleph, ni le ayin. Les sépharades prononcent le ayin comme le ayin arabe (évoquant un r léger et non roulé au fond de la gorge). Et il ne fait aucun doute que c'est la prononciation originelle. Le aleph a du avoir comme le alif arabe la signification d'un coup de glotte, ou à tout le moins de séparation (écoutez une radio arabe prononcer le mot Israël, avec un espèce de hoquet avant le i de Isra'il). Le alef permet de réaliser une diphtongue normalement impossible en hébreu. ב et ו Le vav quand il est consonne se prononce comme le bet quand il n'a pas de dagesh. Il est vraisemblable que dans l'antiquité, le vav se prononçait w. Ce qui est le cas encore chez certaines communautés juives. Paradoxalement, dans celle que je connais bien ( les juifs tunisiens), le ו se prononce w, mais les ב et le בּ se prononcent tous les deux b. Le ב ressemble donc toujours à une autre consonne. Dans cette même communauté, aucune voyelle ne se prononce v. גּ et ג Dans la plupart des communautés d'aujourd'hui, on ne sait plus distinguer le ג avec ou sans dagesh. Mais certaines communautés (dont celle de ma Tunisie natale) prononcent le גּ comme un g dur, et le ג comme un r non roulé venant du fond de l gorge, comme le ghayin arabe (et non comme le ayin). ד et דּ Cette consonne se prononce D avec ou sans dagesh. Certaines communautés (yéménites et irakiens) font la nuance, et prononcent le ד sans dagesh comme un d aspiré. ה ח כ Le ה se prononce comme un h aspiré comme si on interpelle quelqu'un en disant "Hé !", ou comme la lettre ha en arabe (le rond). Le כ et le ח en hébreu standard se prononcent comme le ch de Bach ou machen en allemand. Dans les communautés de pays arabophones, le כ se prononce au niveau du palais, tandis que le ח se prononce au niveau de la gorge, comme deux lettres arabes (variantes de la lettre djim) correspondantes. Il est vraisemblable que cette nuance est ancienne, car elle se traduit dans les règles phonétiques. Le ח a les règles d'une gutturale, alors que le כ est une consonne tout à fait standard. ט ת תּ Toutes les communautés prononcent T pour תּ mais le ת est prononcé différemment suivant les locuteurs. En hébreu moderne et chez les sépharades, il est prononcé T également. Les ashkénazes le prononcent S (comme sin et samekh). Les Yéménites et les Irakiens le prononcent comme un Th anglais (Thick, Thin). Il est vraisemblable que ce soit la prononciation originelle. La plupart des communautés prononcent le ט comme un תּ avec dagesh. Certain le prononcent comme la lettre qui vient après dad dans l'alphabet arabe. Un t prononcé sur l'arrière du palais, très difficile à décrire. Les gens qui ont créé l'hébreu moderne ont fait le choix de translittérer les mots étranger avec un ט pour T, et ת pour Th. Exemple : תיאטרון théatre. כּ ק En hébreu standard, ces deux lettres se prononcent K. Dans les communautés de pays arabophones, כּ se prononce au niveau du palais et ק au fond de la gorge (sans avoir les règles d'une gutturale). Ce sont les prononciation originelles, comparables au Qaf et au Kaf arabe. ס צ שׁ שׂ Le samekh et le sin se prononcent tous les deux s. Le shin se prononce ch. Le tsadé se prononce Ts en hébreu standard, mais certaines communautés le prononcent comme un s fort prononcé du bout de la langue et il est vraisemblable que ce soit la prononciation originelle. Nombre de raisons phonétiques et grammaticales laissent à penser que le Ts ne pouvait exister en hébreu ancien. Il est à noter que contrairement au בּ et au ב qui sont deux prononciations d'une seule et même lettre dans différents contextes, le שׁ et le שׂ sont deux lettres strictement distinctes qui en aucun cas ne sont remplaçables l'une par l'autre en fonction des circonstances. En ce sens, j'ai envie de dire que si le dagesh est juste un élément diacritique pour indiquer une prononciation, le point du sin ou du shin fait partie intégrante de la lettre. Mais alors, pourquoi le texte consonantique ne distingue pas les deux lettres ? Mystère. Si un lecteur peut m'éclairer... Y a-t-il eu un jour une différence entre ס et שׂ ? Mystère également. Il existe un cas où la différence est clair : la racine סכל évoque la folie, alors que la racine שׂכל évoque l'idée de raison, d'intellectualité. Il est difficile d'imaginer une prononciation identique. L'arabe également possède également le sin et le shin, preuve que la distinction est ancienne. L'arabe aussi le distingue par un système de point antérieur aux voyelles mais inexistant au moment de la révélation du Coran et qui a permit de distinguer des lettres à la graphie identique (comme le ba , le ta et le sa). |