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Le shevaEn hébreu, chaque consonne est dotée d'au plus une voyelle. Si une consonne n'a pas de voyelle, on le note par un signe constitué de 2 points superposés et appelé sheva שְׁוָא. Exemples : הָיְתָה et בְּהֵמָה Le י et le ב ne portent pas de voyelle. Ce fait est noté par le sheva en dessous. Un peu comme si on voulait noter : הָיתָה et בּהֵמָה mais que l'on voulait préciser que l'absence de voyelle n'est pas une omission, mais bien délibérée. Toutes les consonnes en hébreu doivent porter, soit une voyelle, soit un sheva. Exceptions :
Mais comme en dikdouk, rien n'est simple, savoir comment cette non-voyelle se prononce est un sujet qui peut s'avérer complexe. En hébreu, toute syllabe étant rattachée à une voyelle (une vraie), il est important de déterminer si une consonne dotée d'un sheva se prononce avec la consonne (et la voyelle associée) qui vient avant ou après. Le sheva immobileLe sheva est dit immobile שְׁוָא נָח quand la consonne qui le porte est prononcé avec la voyelle qui précède et donc la consonne qui précède. Le sheva immobile ne se prononce pas. Exemples : לִמְקֹמוֹ Le sheva est immobile. Le מ se prononce donc avec le לִ qui précède et le sheva ne se prononce pas. Ce mot a donc 3 syllabes : lim-ko-mo. Il serait faux de prononcer li-mqo-mo.
Le sheva mobileLe sheva est dit mobile שְׁוָא נָע quand la consonne qui le porte est prononcée avec la consonne suivante et la voyelle qui l'accompagne. Pour des raisons phonétiques, il est considéré que le sheva mobile doit se prononcer sous la forme d'un e bref. Cette prononciation ne lui donne pas pour autant un statut de voyelle. C'est juste un artifice pour permettre une prononciation harmonieuse des 2 consonnes consécutives. Le sheva mobile garde un statut grammatical de sheva. Les sépharades prononcent ce e bref comme un "é". Certains français d'origine ashkénaze le prononcent comme un "eu". Exemple : יְדַבֵּר Le sheva sous le י est forcément mobile. Il se prononce donc légèrement. On dit donc yédab-ber en deux syllabes avec un é court.
Les Israéliens qui ne respectent rien en matière de dikdouk ont tendance à souvent escamoter la prononciation du sheva mobile, surtout en début de mot. Ils disent donc gdola au lieu de guédola. Toutefois ils respectent le rattachement de la consonne du sheva à la consonne d'avant ou d'après.
Les hatafsMême si le sheva mobile a une prononciation courte, on considère que les gutturales א ה ח ע ne peuvent se prononcer avec un sheva mobile. Donc quand les règles normales de la langue font qu'un mot doit contenir un sheva mobile sous une gutturale, alors ce sheva est "coloré" par une vraie voyelle courte. Le signe résultant est constitué d'un sheva à droite et d'une voyelle courte à gauche. Le résultat s'appel un hataf חֲטָף. Il y trois sortes de hataf : Le hataf-patah :אֲ qui se prononce "a" Le hataf-segol : אֱ qui se prononce "é" Le hataf-qamatz : אֳ qui se prononce "o", toujours "o", jamais "a". Car le qamatz qui colore le sheva est forcément bref.
Exemple : Le pluriel de זָקֵן (personne agée) est זְקֵנִים avec un sheva mobile sous le ז. Si l'on applique ce modèle àחָבֵר (qui désigne un ami de Bill Clinton), on a un problème. On ne peut mettre un sheva mobile sous un ח. On le remplace par un hataf. Quel hataf ? Il n'y a aucune règle à ma connaissance. Il faut le découvrir au cas par cas. Le cas le plus fréquent est un hataf-patah. C'est le cas ici. Le pluriel de חבר est donc חֲבֵרִים Remarque : Le hataf, qui est en fait un sheva, n'est pas une voyelle. C'est une absence de voyelle, qui dans un certains contextes phonétiques, prend une légère coloration vocalique.
Une erreur TRES répandueUne erreur extrêmement répandue chez les juifs francophones (et sans doute les autres) consiste à penser que le hataf-qamatz se prononce généralement A et parfois O. C'EST FAUX. Un sondage m'a permis de détecter que dans mon entourage tout le monde fait l'erreur, sauf quelques spécialistes pointus et une fille de 9 ans très brillante qui a cette lettre dans son prénom. Pourquoi cette erreur ? Le commun des mortels (עם הארץ) pense que le qamatz אָ se prononce très souvent a (et rarement o suivant des règles obscures). Il a raison. Le commun des mortels pense que dans un hataf, le sheva de droite ne sert à rien. Il a tort. Le hataf-qamatz אֳ est très peu fréquent. Quand le commun des mortels le prononce A, il arrive qu'on le corrige. On lui dit alors que c'est un O. Et le commun des mortels interprète qu'il est dans l'un des cas où le qamatz se prononce O. (C'est faux. Si je ne l'ai déjà dit, le hataf-qamatz se prononce toujours "O", jamais "A".). Donc le commun des mortels ne prend pas conscience de son erreur. Quant à l'auteur de ces lignes, à qui on a enseigné étant jeune que le qamatz se prononce souvent A, et que le sheva à droite d'une voyelle pouvait être ignoré, il commettait encore l'erreur 6 semaines avant d'écrire ces lignes. Il a même plusieurs fois lu des textes expliquant le contraire sans y faire attention. "Ce n'est quand même pas à 40 ans que je vais apprendre à lire les voyelles." Ce faisant, il commettait une deuxième erreur : Grammaticalement, le hataf, à l'instar du sheva n'est pas une voyelle. C'est un signe indiquant l'absence de voyelle, qui pour des raisons phonétiques se prononce comme une voyelle très courte. Bref pour éviter les malentendus, je vais énoncer une règle simple :
Le hataf-qamatz se prononce toujours "O", jamais "A". Pour ma part, je tire parti du fait que le qamatz du hataf-qamatz est forcément bref, donc de type hatouf. C'est pourquoi, j'appelle ce caractère hataf-hatouf. Cela évite toute ambiguïté, et ça sonne bien. Si je pouvais apporter une contribution à l'histoire du dikdouk : ce serait que dans 300 ans, les gens disent hataf-hatouf et non hataf-qamatz. Cela évitera bien des confusions.
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