Syllabe I
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Définition d'une syllabe

Nous allons partir de la définition suivante.

Une syllabe est constituée d'une vraie voyelle, et de toutes les lettres qui sont lues avec elle.

Cette définition mérite de l'attention.

D'abord, il faut avoir en tête ce qu'est une vraie voyelle et ce que ce n'est pas.

Ces trois entités qui peuvent avoir une prononciation n'ont pas grammaticalement le statut de voyelle :

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Un sheva (mobile ou immobile) n'est pas une voyelle. Il peut avoir une prononciation pour faciliter l'énoncé de la consonne qui l'accompagne, mais il est avant tout une absence de voyelle.

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Un hataf (qui est en réalité un sheva mobile) n'est pas une voyelle.

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Un patah furtif (placé sous une gutturale en fin de mot, mais prononcé avec elle) n'a pas non plus un statut grammatical de voyelle.

Donc, pour trouver les syllabes, on commence par trouver toutes les voyelles ( אָ אַ אִ אֹ אֶ אֵ אֻ אוֹ אוּ), en retirant les patah furtifs.

Il y a autant de syllabes que de vraies voyelles.

Quelles sont les lettres qui s'agglutinent autour d'une vraie voyelle pour constituer la syllabe :

  1. La consonne qui porte la vraie voyelle. Il y en a toujours une (sauf dans un cas cité plus tard)

  2. Si la consonne qui suit porte un sheva immobile, alors la consonne qui suit et son sheva immobile font partie de la syllabe. Ne pas oublier qu'une lettre finale sans voyelle est dotée d'un sheva immobile, mais invisible.

  3. Si la consonne qui précède porte un sheva mobile ou un hataf, alors la consonne qui précède (et son sheva mobile ou son hataf) font partie de la syllabe.

  4. Si la consonne qui suit porte un dagesh, alors il est forcément fort. Il faut alors décomposer mentalement la consonne avec un dagesh en 2 consonnes sans dagesh séparées par un sheva immobile. La première et son sheva immobile se rattachent à la syllabe en question.  La deuxième à la syllabe suivante.

  5. Les mères de lectures associées à la voyelle (y compris le י associé à un אִ ou à un אֵ) font évidemment partie de la syllabe.

Il convient de bien faire attention à toutes ces règles pour bien identifier la nature des syllabes. Il ne s'agit pas juste du plaisir de faire une classification, mais le type des syllabes a des conséquences grammaticales.

Pour identifier la nature des sheva, mobiles ou immobiles, se référer à Sheva II

Exemples

Pour comprendre les règles, et pour repérer les pièges fréquents pour le lecteur non habitué, il convient d'illustrer toutes ces règles par quelques exemples réels.

Je recommande au lecteur qui veut aller au-delà d'une lecture superficielle de ce site une attention particulière à ces exemples. Car ces règles ne sont pas naturelles (en première approche). Ce sont même les plus complexes que j'ai mises au niveau 1 de ce site, car elles conditionnent d'autres règles.

1) Prenons le premier mot de la Bible :

בְּרֵאשִׁית

Quelles sont les vraies voyelles ? Il y en a 2, sous le ר et sous le שׁ. Il y a donc 2 syllabes. Que contiennent-elles ?

En vertu de la règle 3, le ב initial et son sheva mobile, font partie de la première syllabe.

En vertu de la règle 5, le א qui suit le ר est une mère de lecture qui fait partie de la première syllabe (et ce, même si le א est un élément à part entière de la racine ראש).

En vertu de la règle 5, le י qui suit le ש est une mère de lecture qui fait partie de la deuxième syllabe.

En vertu de la règle 2, le ת final (qui comporte un sheva non explicité mais immobile) fait partie de la deuxième syllabe.

Ce mot a donc 2 syllabes : bere-shit  בְּרֵא-שִׁית

2) הַשָּׁמָיִם

Il y a 4 vraies voyelles. Donc 4 syllabes. La situation parait claire.

En première approche, on applique la règle 2 au ם final : il est doté d'un sheva immobile, il se rattache à la 4ème syllabe.

Un lecteur inattentif pourrait s'arrêter là et trouver la décomposition erronée suivante : ha-sha-ma-yim

Il aura oublié de porter attention au dagesh dans le שׁ. En vertu de la règle 4, il faut le découper mentalement en 2 parties.

On a donc la décomposition suivante : hash-sha-ma-yim הַשְׁ-שָׁ-מָ-יִם

Le י utilisé comme une consonne à part entière. Il fait donc l'objet de la règle 1.

3) וְלִמְשֹׁל

2 vraies voyelles donc 2 syllabes.

Règle 2 : le ל final (qui porte un sheva invisible) fait partie de la deuxième syllabe.

Règles 2 et 3 : le מ et le ו font partie de la première syllabe.

On lit donc : velim-shol וְלִמְ-שֹׁל

J'ai volontairement pris cet exemple pour illustrer à quel point on est loin d'une définition naïve de la syllabe. Pour éviter toute erreur, il faudrait vraiment imaginer que ni les sheva mobiles (et les hataf) ne se prononcent pas pour retomber dans la notion usuelle de la syllabe. (vlim-shol).

4) רָקִיעַ

Piège : la voyelle finale est un patah furtif, qui se prononce avant le ע qui le porte et n'a pas un statut de voyelle.

Il y a donc deux syllabes : ra-kia' רָ-קִיעַ

5)אֲשֶׁר

Encore un piège. Ce mot parait avoir 2 syllabes. Or, sous le א figure un hataf, qui est donc un sheva mobile, donc un sheva, donc une absence de voyelle.

Il y a donc une seule syllabe : asher אֲשֶׁר. Encore une fois, imaginer qu'un hataf ne se prononce pas évite les erreurs ('sher).