Syllabe II
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Classification des syllabes

Compte-tenu des règles énoncées ci-dessus, une syllabe est constituée :

  1. De la voyelle, accompagnée de sa consonne, et éventuellement de sa mère de lecture.
  2. Eventuellement, de la consonne qui précède et de son sheva mobile ou de son hataf.
  3. Eventuellement, de la consonne qui suit et de son sheva immobile. La consonne suivante pouvant être la première partie d'une consonne avec un dagesh.

Conclusion on a 4 types de voyelles résultants des 2 combinaisons : avec ou sans consonne précédente (2) , avec ou sans consonne suivante (3).

La deuxième combinaison porte un nom :

Quand la voyelle (et sa mère de lecture éventuelle) est à la fin de la syllabe, celle-ci est appelée syllabe simple (הֲבָרָה פְּשׁוּטַה ) ou ouverte (הֲבָרָה פְּתוּחָה ).

Quand la voyelle est suivie d'une consonne et d'un sheva immobile (ou de la première partie d'une consonne portant dagesh), c'est une syllabe composée (הֲבָרָה מָרְכֶּבֶת ) ou fermée (הֲבָרָה סְגוּרָה).

Je vais donc placer les syllabes données dans les exemples précédents dans un tableau. Les syllabes rouges correspondent à la définition de la case.

  Sans consonne précédente Avec consonne précédente
Syllabe ouverte הַשְׁ-שָׁ-מָ-יִם
רָ
-קִיעַ
בְּרֵא-שִׁית
Syllabe fermée בְּרֵא-שִׁית
הַשְׁ
-שָׁ-מָ-יִם
וְלִמְ-שֹׁל
רָ-קִיעַ
וְלִמְ-שֹׁל
אֲשֶׁר

 

Cas du shourouk conjonctif

Avec le schéma ci-dessus, vous pourrez faire rentrer toutes les lettres de la Bible dans une syllabe qui est de l'un de ces 4 types.

Il y a pourtant une exception récurrente : le ו conjonctif (et) en début de mot, lorsqu'il prends la forme d'un וּ. C'est une voyelle qui n'est associée à aucune consonne qui le précède. Seul cas possible en hébreu d'une voyelle sans consonne. 

Il y a 2 façons de traiter ce cas particulier :

bulletConsidérer qu'in fine, il s'agit d'un וְ du point de vue grammatical, et l'associer à la syllabe qui suit. C'est un peu délicat, car dans de nombreux cas, il est lui-même suivi d'un sheva immobile. Il prends même cette forme particulière pour éviter deux sheva consécutifs en début de mot.
bulletConsidérer qu'il s'agit d'une syllabe à part entière d'un type particulier (une voyelle et c'est tout).

Exemple : וּרְבוּ

Se peut se décomposer en 2 syllabes : וּרְ-בוּ our-vou. ou en une seul ourvou.

Ce choix est purement conventionnel, car aucune règle de grammaire ne sera conséquence de ce choix.

Il peut toutefois avoir un impact sur certains piyoutim (poèmes liturgiques) où le rythme (Mishqal) est défini par le nombre de syllabes.

Le double sheva en fin de mot

Autre cas particulier : Le double sheva immobile en fin de mot. כָּתַבְתְּ.

Il me semble qu'il faut considérer que le ת final fait partie de la 2ème syllabe que je classifierais en "fermée".

Règles concernant les syllabes

Il y a un lien en hébreu entre 3 propriétés d'une syllabe :

bulletLa longueur de sa voyelle
bulletL'aspect ouvert ou fermé
bulletLe statut accentué ou non.

Les règles qui les régissent sont au coeur du dikdouk, car beaucoup d'autres règles s'en déduisent. Les maîtriser et les appliquer évite de retenir d'autres règles qui n'en sont que la conséquence.

Il y a même une règle d'or qui ne souffre d'aucune exception.  Nous allons donc exprimer sous plusieurs formes équivalentes. En effet, de cette règle, appliquée sous l'une de ses formes, on peut déduire bien des règles concernant les sheva, les dagesh, et les longueurs de voyelles.

Règle d'or (sans exception quoi que...):

bulletIl n'existe aucune syllabe fermée non accentuée longue
bulletUne syllabe fermée non accentuée porte toujours une voyelle brève
bulletUne syllabe fermée portant une voyelle longue est toujours accentuée
bulletUne syllabe non accentuée portant une voyelle longue est forcément ouverte
bulletUne voyelle longue non accentuée n'est jamais suivie d'un sheva immobile ou d'un dagesh fort.

Si vous y faites attention, ces 5 phrases disent exactement la même chose.

Il existe une autre règle, mais il existe quelques exceptions. Je vais également l'exprimer sous plusieurs formes équivalente. Elle s'obtient en intervertissant dans la règle d'or les mots longs et brefs, ainsi que les mots ouverts et fermés.

Règle d'argent (souffrant des exceptions):

bulletIl n'existe aucune syllabe ouverte non accentuée brève
bulletUne syllabe ouverte non accentuée porte toujours une voyelle longue.
bulletUne syllabe ouverte portant une voyelle brève est toujours accentuée
bulletUne syllabe non accentuée portant une voyelle brève est forcément fermée
bullet

Une voyelle brève non accentuée est toujours suivie d'un sheva immobile ou d'un dagesh fort.

Si vous y faites attention, ces 5 phrases disent exactement la même chose.

La règle d'or et la règle d'argent ne se déduisent pas l'une de l'autre. Elles ne disent pas la même chose.

Même si l'on trouve certaines grammaires essayant d'expliquer le contraire, il est plus simple de considérer que quand une syllabe est accentuée, il peut se passer n'importe quoi entre la longueur de la voyelle et l'ouverture de la syllabe. Au niveau III, des règles plus fines, mais pas très utilisables seront esquissées.

Compte tenu de ces deux règles, on peut considérer qu'il y a 3 sortes de syllabe :

bulletLes syllabes ouvertes à voyelle longue
bulletLes syllabes fermées à voyelles brèves
bulletLes syllabes "étrangères" ou irrégulières  הֲבָרָה זָרָה : ouvertes brèves ou fermées longues

Les syllabes irrégulières sont généralement accentuées (ou sont des ouvertes brèves qui font exception à la règle d'argent).