Accent III
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Les leçons de niveau III sont conçues pour les lecteurs voulant approfondir les connaissances présentées sur ce site.

Il est conseillé de lire et de maîtriser d'abord les niveaux I et II de tous les sujets avant d'aborder le niveau III d'un sujet.

Montée et descente

En araméen, מִלְּרַע signifie "en-dessous", et מִלְּעֵיל  "au-dessus". Autrement dit, tout se passe comme si chaque syllabe d'un mot est plus basse que la précédente. Une accent sur la dernière syllabe (oxyton) est appelé "en-dessous", et un accent sur l'avant-dernière (paroxyton) est appelé au-dessus.

Quand une règle transforme un oxyton (en dessous) en paroxyton (au-dessus), on dit que l'accent monte, ou remonte. Dans le cas inverse, on dit qu'il descend.

Ce vocabulaire est très utilisé y compris dans les ouvrages en français.

Les déplacements d'accents

Comme les voyelles et les dagesh, la position de l'accent n'est pas une propriété figée d'un mot. En fonction du contexte, le mot peut changer d'accent.

Voici quelques exemples, qui ne seront pas toujours présentés dans tous leurs détails.

Les proclitiques.

Dans la page précédente, nous avons parlé des proclitiques : quand un mot est relié au suivant par un maqaf, il n'a plus d'accent.

 

Le vav conversif.

Attention : cette régle comporte de nombreuses exceptions. Se reporter aux ouvrages spécialisés.

Le vav conversif qui en hébreu transforme un passé en futur et inversement, change généralement la position de l'accent. Dans certains cas d'ambiguïté, cela permet de savoir à quel temps on a affaire. Par exemple : אָהַבְתָּ, tu as aimé, est un paroxyton. La forme וְאָהַבְתָּ accentuée sur le ה est un passé précédé d'une vav conjonctif (et tu as aimé). La forme וְאָהַבְתָּ accentuée sur le ת est un futur avec un vav conversif (tu aimeras). 

Le vav qui transforme le passé en futur peut à l'inverse transformer un oxyton en paroxyton, mais cela est conditionné par des règles phonétiques particulières. Par exemple :  ִיבָרֵךְ "il bénira" est oxyton, alors que וַיְבָרֶךְ "il a béni" est paroxyton.

Le nasog ahor (ou nesigah).

Attention : cette régle comporte de nombreuses exceptions. Se reporter aux ouvrages spécialisés.

La règle de "nasog ahor" נסוג אחור permet d'éviter que deux accents soient voisins dans une phrase. Quand deux mots se suivent, si le premier a l'accent sur la dernière syllabe, et le deuxième sur la première syllabe, alors, généralement, l'accent du premier mot "remonte", et il devient paroxyton.

Exemple :

Le mot veqarati devrait être oxyton (cf chapitre précédent). Mais pour éviter que l'accent de תי ne côtoie l'accent de la seul syllabe de לך, il devient paroxyton.

De même avec :

Le premier exemple réintroduit une ambiguïté que le paragraphe précédent avait supprimé.

On peut se demander si וקראתי est paroxyton du fait de nasog ahor sur un futur (je t'appellerai), ou du fait que c'est un passé avec une conjonction de coordination (et je t'ai appelé).  

Le contexte permet généralement de trancher.

La règle nasog ahor perturbe l'expression de bien des règles.

bulletLa règle qui dit que le sheva est mobile après une longue non accentuée sous-entend "non-accentuée avant l'application de nasog ahor".
bulletSi la dernière syllabe est fermée longue accentuée, l'application de Nasog Ahor peut mettre en défaut la règle d'or. Mais en général, on abrège la dernière syllabe.

Donc pour appliquer ces deux règles (règle d'or ou sheva mobile après une voyelle longue) à l'avant-dernière syllabe d'un mille'el, il faut d'abord se demander si l'on demander si le mille'el est le produit d'un nasog ahor. Auquel cas, il faut imaginer que le mot est millera'.

Exercice que le lecteur débutant pourra estimer un peu difficile.

La pause

Dans certaines formes pausales (cf le cours sur les te'amim), l'accent peut changer de place dans les deux sens.

Par exemple, le mot אָנֹכִי est oxyton en général, mais paroxyton en forme pausale. Le cas inverse se produit également.

Cela introduit également une ambiguïté sur le ו. Exemple dans Shemot XVII-5 :  קַח בְּיָֽדְךָ וְהָלָכְתָּ׃

Le dernier mot est mille'el. Cela pourrait signifier que le vav est conjonctif (et tu es parti). Mais le vav est conversif et l'accent est mille'el du fait de la pause. Le sens est "tu partiras". Le sens de la phrase permet de le deviner.

La parasha de Terouma offre de nombreux exemples de formes pausales.

Le paroxyton artificiel (מלעיל לא טבעי)

On appelle paroxyton artificiel, un mot qui est normalement oxyton, mais qui suite à l'application d'un nasog ahor est devenu paroxyton.

Un paroxyton artificiel se comporte vis-à-vis de certaines règles de grammaire comme un oxyton. Notamment, quand il s'agit de déterminer si un sheva est mobile ou immobile après une voyelle longue, on tient compte de l'accentuation de la voyelle quand le mot est oxyton (état naturel du mot).

En revanche pour d'autres règles comme ate merahiq, on tient compte de l'accentuation effective du mot.

Exemple dans Shemot XVI-24 :

לֹא־הָיְתָה בּוֹ

Le mot היתה est normalement oxyton (accentué sur תה). Cela devrait avoir deux conséquences :

bulletLe sheva du י devrait être mobile (ha-yéta), car suivant une longue non accentuée
bulletLe ב de בו devrait être réfouia (cf règle du dagesh en début de mot)

Du fait de la présence de בו, nasog ahor s'applique, et היתה est finalement accentué sur la première syllabe.

Ce changement n'affecte pas la prononciation du sheva qui reste mobile (les règles du sheva s'appliquent à l'état naturel de היתה).

En revanche, du fait que le mot devient mille'el, ate merahiq s'applique, et le ב de בו prend un dagesh.

Le terme de paroxyton artificiel ne s'applique pas aux autres cas ou un oxyton devient paroxyton : pause ou vav conversif..

L'impact des changements d'accents (NOUVEAU 21/08)

Le chapitre précédent montre des exemples d'accents qui se déplacent ou disparaissent.

Or, les syllabes non accentuées font l'objet de règles particulières, la règle d'or et la règle d'argent.

Quand une syllabe accentuée perd son accent, elle peut être modifiée pour ne pas enfreindre ces règles.

Maqaf

Plusieurs mots sont très fréquemment concernés par le maqaf, en particulier des prépositions d'une syllabe.

Ces mots quand ils sont seuls peuvent porter une syllabe fermée avec une voyelle accentuée. Quand ils sont suivi d'un maqaf, ils changent de voyelle pour respecter la règle d'or.

Par exemple :  אֵת devient  אֶת־ et כֹּל devient כָּל־  (o court au lieu de o long).

Mais d'autres mots qui ne sont qu'occasionnellement suivis d'un maqaf subissent également une transformation.

Par exemple le verbe עבר (Passer) au futur, ou au passé issu d'un vav conversif se conjugue avec un Holam qui est accentué.

Exemples :

bulletGénèse XII-6 : וַיַּעֲבֹר אַבְרָם בָּאָרֶץ
bullet

Deutéronome III-1 : כִּי־הוּא יַעֲבֹר לִפְנֵי הָעָם הַזֶּה

Mais suivi d'un maqaf la syllabe en rouge perd son accent et laissée en l'état violerait la règle d'or. Le holam hasser (long) devient alors qamatz qatan (court) :

bullet

Deutéronome XXX-1 : מִי יַעֲבָר־לָנוּ

bullet

Genèse XXXIII-14 : יַעֲבָר־נָא אֲדֹנִי לִפְנֵי עַבְדּוֹ

Nassog Ahor

Nassog Ahor déplace sous certaines conditions l'accent de la dernière à l'avant-dernière syllabe. La dernière syllabe est donc susceptible de violer la règle d'or. Dans ces circonstances, une voyelle longue dans une syllabe fermée doit être remplacée par une voyelle courte.

Par exemple, l'infinitif du verbe donner est normalement accentué sur la dernière syllabe qui est dotée d'un tséré :

Génèse XXIX-1 : לָתֵת הַצְּעִירָה לִפְנֵי הַבְּכִירָה׃

A contrario, dans l'exemple suivant, l'accent est reporté sur le ל du fait de nasog ahor.  Pour ne pas violer la règle d'or, le tséré se transforme en ségol.

Genese XV-1 : לָתֶת לְךָ אֶת־הָאָרֶץ הַזֹּאת לְרִשְׁתָּהּ׃
 

Le vav conversif, la pause

L'auteur du site n'a pas encore pris le temps d'étudier l'impact de ces deux types de déplacement d'accent sur la vocalisation.

Le placement du méteg

Le mot meteg signifie frein en araméen. Il vient indiquer un allongement, ou un ralentissement de la lecture. Son usage dans les différents manuscrits est assez aléatoire. On peut même considérer que l'utilisation du meteg est facultative.

On peut toutefois mettre en évidence une règle de placement du meteg à partir de 2 principes :

bulletUn meteg ne peut exister qu'en syllabe ouverte.
bulletDeux accents (primaires ou secondaires) doivent au moins être séparés par une voyelle ou un sheva mobile.

On peut donc trouver une méthode pour mettre le meteg, en mettant le maximum de meteg compatibles avec ces deux règles :

On place les meteg en partant l'accent tonique, et en remontant, syllabe par syllabe  vers le début du  mot. Dès que l'on trouve une voyelle ou un sheva mobile, on place le meteg sur la syllabe ouverte qui le précède. Puis on recommence en partant du meteg que l'on vient de placer.

Exemples  :

פָּרָשִׁים : Le ש porte l'accent. On recule d'une syllabe. Le ר porte une voyelle. Donc on recherche la première syllabe ouverte avant le ר, c'est le פ. C'est là qu'est le meteg.

מִזְבְּחוֹתֵיכֶם : l'accent est sur le כ. Le ת porte une voyelle. On recherche la première syllabe ouverte avant. C'est חו.

מוֹשְׁבֹתֵיכֶם : L'accent est sur le כ. Avant lui, il y a une syllabe, puis une syllabe ouverte. Le ב porte donc un meteg. Auparavant, on compte un sheva mobile (puisqu'il suit une longue non accentuée) puis une syllabe ouverte. Le מו porte donc un meteg. A vrai dire, ce dernier meteg ne se trouve pas dans tous les manuscrits, ni dans toutes les occurences du mot moshevotekhem.

הָאַרְבָּעִים : Le ע est accentué. Au paravant, le בּ contient une voyelle. On recherche la première syllabe ouverte auparavant. Ce n'est pas אר, c'est donc le ה initial.

La règle franchit également les maqafs.  Exemple :

כִּֽי־אֵרֵד

Où l'accent principal  franchit le maqaf (l'accent est sur la dernière syllabe).

Ces règles ne marchent pas à tous les coups. Il est très difficile de trouver une règle générale pour le meteg. Voici même un cas de meteg dans une voyelle brève en syllabe fermée dont le rôle m'échappe :

Il existe même quelques cas de meteg après l'accent. Le lecteur attentif n'aura pas manqué d'en remarquer deux cas dans d'autres pages de ce site. Il s'agit de 2 cas où une explication est trouvable, il en est de plus curieux.

Autres rôles du meteg

Il existe de nombreuses raisons de placer un meteg (article à faire un jour) et les livres de grammaires divergent tous sur le sujet..

En pratique, la question n'est pas de placer le meteg (sauf si vous rajoutez des textes à la Bible), mais d'en tirer des informations pour mieux lire.

Un cas particulier : celui de la prononciation du qamatz. Quand on a une consonne dotée d'un qamatz, suivi d'une consonne dotée d'un sheva, on peut hésiter entre un qamatz long suivi d'un sheva mobile ou un qamatz court suivi d'un sheva immobile.

Autrement  חָכְמָה peut se prononcer

bulletkha-khéma (kamatz long et sheva mobile) ou
bulletkhokh-ma (kamatz court et sheva immobile).

Si le qamatz porte l'accent principal, la question ne se pose pas, le kamatz est long.

Sinon, en vertu des règles ci-dessus :

bullet

si le sheva est mobile, on mettra le meteg dans la première syllabe ouverte avant lui, à savoir "ga"

bullet

si le sheva est immobile, il est interdit de mettre un meteg dans une syllabe fermée. got n'en aura pas.

Autrement dit, dans un manuscrit où les meteg sont placés soigneusement, khokhma sera écrit sans meteg, khakhéma avec meteg.

D'où la règle simple : un qamatz long suivi d'un sheva mobile est doté d'un meteg.

Une exception noable est dans Tehilim XXII-15 ( כָּֽל־עַצְמוֹתָי ) où le qamatz est court mais doté d'un meteg que je n'explique pas. Il se prononce donc kol-'atsmotaï et non kal-'atsmotaï. (Il existe un kal 'atsmotaï dans Tehilim XXXV-10 mais sans maqaf). Ce maqaf est là pour une autre raison que celle d'indiquer un qamatz long.

Attention : une erreur courante consiste à croire que tout sheva après un meteg est na. C'est faux. C'est règle est vraie pour les qamatz. Mais faux sur les voyelles courtes :
הַ
ֽלְוִיִּם
Se prononce Hal-viy-yim

Cf également, l'explication sur les 2 prononciations du qamatz..