Compléments
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Dans cette page seront abordés des points de dikdouk divers qui ne rentrent pas nécessairement dans le cadre du cours.

Le point dans le vav

Comment distinguer ces 2 caractères : וּ et וּ ?

Le premier est un vav redoublé par un dagesh. Le deuxième est un shourouq (voyelle longue prononcée ou). Graphiquement, rien ne les distingue. Un vav avec un point dedans. En revanche, au sein d'un mot, la différence saute au yeux.

Le vav redoublé est une consonne, donc il est doté d'une voyelle, et la consonne qui le précède également.

Le shourouq est une voyelle, donc il n'a pas de voyelle, et la consonne qui le précède non plus.

Cas particulier, le shourouq en début de mot, seul cas où un mot hébreu commence par une voyelle. Il n'a pas de voyelle non plus (et un dagesh fort en début de mot est rarissime).

Exemples :

הַתְּנוּפָה : Le ו n'a pas de voyelle, le נ qui précède non plus. Donc, le ו est une voyelle. hat-tenou-fa.

צִוָּה : Le צ est doté d'une voyelle, le וּ également. Comme on ne peut avoir 2, voire 3 voyelles consécutives, le וּ est une consonne redoublée. Tsiv-va.

וּמִקְנֵיכֶם : Cas particulier, voyelle en début de mot. Ou-mik-né-khem.

Ambiguïté I

Jusqu'aux dernières décennies, les bibles imprimées tendaient à confondre en un seul point le point droit d'un ש et le holam qui précédait.

Cela pouvait conduire a des ambiguïtés. Quand le point du ש est là, y a-t-il également un holam ?

Le cas le plus célèbre n'est pas dans la Bible, mais dans la prière de la 'amidah :

וּמְקַיֵּם אֱמוּנָתוֹ לִישֵׁנֵי עָפָר.

Le troisième mot a 2 lectures possibles, si l'on suppose qu'on le lit dans une livre imprimé avec cette ambiguïté.

La lecture correcte consiste à dire qu'il n'y a pas de holam. Le youd est donc simplement rattaché au hiriq qui précéde : li-she-ne 'a-far.

Mais l'on peut imaginer que le point du shin cache un holam. Le youd est donc une vrai consonne suivi d'un holam, et le i de la première syllabe est court. Dans une livre récent, on aurait : לִיֹשֵׁנֵי li-yo-shé-né.

Dans un cas comme ça, le sens et la tradition aident... ou le dikdouk.

Liyoshéné n'est pas crédible car la première syllabe serait brève, ouverte, et non accentuée (3 syllabes avant la fin), en contradiction avec la règle d'argent. De plus un לִ initial correspond bien avec un cas de préfixe ל suivi d'une consonne avec sheva.

Ambiguïté II

On peut aller plus loin en revenant à l'identité graphique entre le vav avec dagesh et le shourouq. En combinant cette ambiguïté avec celle du paragraphe précédent, on peut construire de jolis exemples d'ambiguité. Philippe E. propose le cas suivant :

בִּיוּשׁ

J'ai dit plus haut comment distinguer un vav avec dagesh et un shourouq. 2 questions à se poser :

bulletY a-t-il une voyelle associée au ו ?
bulletY a-t-il une voyelle associée à la consonne qui précède?

Regardons la première question. Y a-t-il une voyelle après le ו?

bulletOn peut dire qu'il y a un holam avant le shin. Auquel cas, le ו est un vav avec dagesh.
bulletOn peut dire qu'il n'y en a pas. Auquel cas, le ו est un shourouq.

Pas de conclusion.

Regardons la deuxième question. Quelle est la consonne qui précède ?

bulletEst-ce le ב? auquel cas il a une voyelle, et le ו est un vav avec dagesh.
bulletEst-ce le י? auquel cas il n'y a pas de voyelle, et le ו est un shourouq.

La deuxième question ne permet pas de trancher.

Nous avons donc 2 lectures possibles :

bulletAvec holam, le ו est une consonne avec dagesh, et le י fait partie d'un hiriq malé. Biv-vosh. La deux syllabes étant longues.
bulletSans holam, le ו est un shourouq et le י est une consonne : bi-yoush. La première syllabe étant courte, la 2ème longue.

Philippe a-t-il réussi à créer un monstre ambigu devant lequel le dikdouk est impuissant ? Comme il le reconnaît lui-même, le dikdouk permet de venir à bout de cette création purement humaine.

Dans bi-yoush, la première syllabe est courte ouverte, la deuxième est longue fermée. Les deux ne peuvent en principe pas exister, sauf à être accentuées.  Dans biv-vosh, les deux syllabes sont longues et fermées. Les deux ne peuvent en principe, sauf à être accentuées. Les deux mots ne peuvent exister qu'à la condition d'avoir deux accents. Chose rarissime.

Communiquer avec לאמר

Dans le cours, le sujet le plus détaillé est sans doute celui des règles du dagesh en début de mot . Pourtant il existe des cas inexplicables par les règles qui y figurent.

Voici un joli cas, où le texte est en contradiction flagrante avec le dikdouk. D'autant plus intéressant qu'il est récurrent. Pas question d'évoquer une éventuelle erreur de copiste, car il est systématique. Partout où le mot משה est suivi de לאמר, cas très fréquent, le ל prend un dagesh :

J'ai cherché à comprendre avec des exemples similaires.

bulletLes cas en noir illustrent mon propos, ils sont nombreux dans le houmash. Le  ל prend un dagesh.
bulletLe cas en bleu est différent, משה a un ta'am disjonctif. Tout se passe comme si les deux mots n'étaient pas consécutifs.
bulletJ'ai cherché d'autre cas de לאמר. J'en ai trouvé une foule (dont un tout petit nombre en rouge dans l'exemple) où le ל n'a pas de dagesh;
bulletJe me suis demandé si je pouvait trouver des cas proche de םשה. Même les versets verts ne sont pas satisfaisants. J'ai trouvé des cas se terminant par ה, y compris avec un segol. Mais ils sont avec un ta'am disjonctif. J'ai trouvé un cas avec ta'am conjonctif, mais le ה est implicite, car s'est une terminaison en ךָ. Qui plus est la voyelle est qamatz.

Si un lecteur trouve un cas se terminant par un vrai ה avec un ta'am conjonctif, si possible avec un segol, je suis interessé.

Dans le cas de Moshé, le lecteur vérifiera que les conditions de ate merahiq ne sont pas respectées. Entre autres choses parce que les deux mots sont millera'.

On est donc bien dans un cas inexplicable par le dikdouk. Et bien entendu, le texte prime sur le dikdouk.

Jérusalem

La capital du royaume de Judée présente une particularité orthographique étonnante : sous le ל il y a un patah suivi d'un hiriq qui se trouve quelque part entre le ל et le מ.

יְרוּשָׁלִַם

Certains navigateurs auront du mal à faire apparaître cette particularité. Tout se passe comme si l'on avait écrit יְרוּשָׁלַם et que l'on avait rajouté le hiriq après.

Quelquefois, le hiriq se trouve sous la partie droite du ם comme si on avait écrit יְרוּשָׁלַםִ en décalant le hiriq d'un milimètre sur la droite. Le hiriq se lisant avant le ם comme dans le cas d'un patah furtif.

Par ailleurs, quand ce mot est en forme pausale, le patah sous le ל devient qamatz : יְרוּשָׁלִָם

Il existe 4 cas dans toute la bible où Jérusalem s'écrit avec un י après le ל.

Par ailleurs, quand la ville de Jérusaem et suivie du ־ָה indiquant une direction, le hiriq est remplacé par un sheva :  יְרֽוּשָׁלְַמָה (qui peut faire penser à un hataf-qamatz totalement inexplicable en fin de phrase יְרֽוּשָׁלַמֳה). Ces formes prennent également un qamatz sous le ל en forme pausale. Dans un des 4 cas où le י est marqué, il y a également un ־ָה locatif, alors le י est doté d'un sheva à la place du hiriq.

Enfin, en araméen, le nom de cette ville est יְרוּשְׁלֶם.

Voici quelques exemples de tous ces cas particuliers:

Enfin, il est à noter qu'en bon français, un habitant de Jérusalem s'appelle un hiérosolymitain. Terme qui vient du nom latin de cette ville, Hierosolyma.

Nom des parasha

Il est d'usage de nommer les parasha par un mot ou un groupe de mot issu des premiers versets de cette parasha. Pourtant, un mot en hébreu peut avoir une orthographe différente quand il est dans son contexte et hors de son contexte. C'est pourquoi, parfois, le nom de la parasha est un peu différent du nom qui apparait dans le texte. A contrario, parfois, le nom de la parasha ne veut rien dire tout seul.

Shemot
 Shemot pose un problème d'orthographe. Dans le contexte, il est à l'état construit avec sheva וְאֵלֶּה שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל sous le ש. Mais à l'état absolu, il s'écrit שֵׁמוֹת  avec un tsere sous le ש.
 

Péqoude/Féqoudé
Dans le texte, il est écrit : אֵלֶּה פְקוּדֵי הַמִּשְׁכָּן, voici les comptes du tabernacle. Deux particularités pour le mot פקודי : il est en forme construite (au lieu de פקודִים) et il ne comporte pas de dagesh initial en raison du mot précédent.  Dans le texte il est prononcé Féqoudé. Sorti du contexte, il devrait être Péqoudim. L'usage est de nommer cette parasha Péquoudé. La semikhout reste, en revanche le point du dagesh reste dépendant du contexte phonétique. En début de phrase, le dagesh est là.

Tazria'

Dans le texte, le mot tazria' n'a pas de dagesh dans sa première consonne, en raison du י qui précède : כִּי תַזְרִיעַ. Pour les communautés qui distinguent les prononciations du ת avec ou sans dagesh, la question de la prononciation du nom de la parasha' se pose.

En vertu des conclusions, ci-dessous, il me semble qu'il faille nommer la parasha avec un dagesh.

Bammidbar/Bemidbar
Le texte dit וַיְדַבֵּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה בְּמִדְבַּר סִינַי. La aussi, il y a une forme construite. Comme toujours dans une forme construite, il ne peut y avoir d'article. Donc on dit Bemidbar Sinaï (mais en français, on traduit par LE désert du Sinaï). Sorti de son contexte, le nom de la parasha contient l'article. D'où le nom de Bammidbar (dans le désert) qui s'écrit avec un qamatz à la fin בַּמִדְבָּר .
Ceci dit, il arrive que la parasha soit nommée Bemidbar.

Behar
Ce cas est l'inverse de bamidbar puisque le nom de la parasha est identique au mot du verset : וַיְדַבֵּר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה בְּהַר סִינַי לֵאמֹר. On est également dans un état construit sans article. Mais personne n'appelle cette parasha Bahar.

Houqat
Dans le verset, le mot est à l'état construit : זֹאת חֻקַּת הַתּוֹרָה. Et le nom de la parasha est identique.

Shabbat para.
Le shabbat où l'on lit la parasha de Houqat s'appel Shabbat Para du verset וְיִקְחוּ אֵלֶיךָ פָרָה אֲדֻמָּה. Dans le verset, il n'y a pas de dagesh dans le פ en raison du mot précédent. Mais sorti du contexte le dagesh est rétabli.

On peut donc empiriquement constater que :

bullet

L'absence de dagesh initial ne se maintient pas hors contexte. Comme expliqué sur Dagesh I et Dagesh II,  la présence ou l'absence d'un dagesh faible n'est pas une propriété d'un mot ou d'une lettre, mais dépend du contexte.

bullet

L'état construit reste, sauf en ce qui concerne l'article de Bammidbar. Il est donc probable que la parasha de shemot s'écrive avec un sheva.

Le shourouk initial

A REDIGER

Ezekiel II

A rédiger